Alexandre Kowalski, champion du monde de E-Sailing 2022, voguera avec le Groupe Bellion sur l’Arkéa Ultim Challenge !

A 22 ans, Alexandre Kowalski a déjà tout d’un grand. Sacré champion du monde d’E-Sailing 2022, ce jeune brestois navigue aussi et surtout dans la vie réelle. Depuis 2017, il s’entraîne en Laser standard au Pôle France Voile de Brest et brigue une participation aux Jeux Olympiques 2028. Adepte des courses InShore et OffShore sur Virtual Regatta, il a accepté de livrer ses conseils d’expert à la flotte du “Groupe Bellion” en amont et pendant la course virtuelle de l’Arkéa Ultim Challenge. Mais avant de passer à la pratique, place à son portrait !

Bonjour Alexandre. Peux-tu te présenter, de la manière dont tu le souhaites ?

J’ai 22 ans, je navigue en Laser standard (Ilca 7) à Brest au Pôle France mais aussi en virtuel sur Virtual Regatta ! J’ai été sacré champion du monde d’E-Sailing 2022. Actuellement en première année d’école d’ingénieurs à l’ENSTA Bretagne, je souhaite m’orienter vers l’architecture navale à partir de l’année prochaine. En raison de mon double cursus de sportif de haut niveau, je vais dédoubler mes années d’étude pour avoir le temps de naviguer en parallèle. Normalement le cycle ingénieur dure trois ans. En ce qui me concerne, je devrais le boucler en cinq ou six ans. 

Comment as-tu découvert la voile ?

J’ai dû commencer l’Optimist quand j’avais 5 ans. Chez nous, la voile est vraiment un sport familial. Tout petit déjà, j’ai embarqué pour plusieurs croisières avec mes parents et grands-parents. Mon grand-père maternel a un bateau à Port-la-Forêt, un J99. Ensemble, nous avons participé à la Rolex Fastnet Race en 2021. Il y avait pas mal d’air sur cette édition,et nous avons bouclé le parcours en 5 jours. J’en garde un super souvenir !

Parle-nous de ton projet sportif ?

J’ai rejoint le Pôle Espoirs en 2017 puis le Pôle France en 2019, où je m’entraîne en Laser standard (ou Ilca 7). Le Laser standard est un dériveur en solitaire de 4 mètres de long. Il s’agit d’un vieux bateau car il a été dessiné au début des années 70’. Il est utilisé pour les Jeux Olympiques depuis 1996. Bien qu’il ne soit pas très rapide, c’est un bateau solide, fiable et très physique. La plupart des courses se déroulent en flotte serrée, au contact, et sont souvent intenses ! Je suis encore un peu jeune pour viser une participation aux JO 2024, alors je me concentre sur l’édition de 2028, qui se déroulera à Los Angeles. En attendant, je participerai à plusieurs compétitions en 2024, à commencer par le Championnat d’Europe à Athènes au mois de février, qui sera suivi du circuit “World Cup” avec plusieurs étapes en Espagne (Palma), dans le sud de la France (Hyères), en Allemagne (Kiel) et aux Pays Bas. 

Tu as récemment rejoint le projet français pour la Coupe de l’America en tant que data analyst. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

En effet, je suis engagé auprès de l’équipe Orient Express Racing Team, le défi français pour la prochaine Coupe de l’America qui se déroulera en octobre 2024, à Barcelone. J’occupe le rôle de data analyst, c’est-à-dire que j’analyse toutes les données de navigation enregistrées par les capteurs du bateau (position, réglages des foils, des voiles, vitesse…) pour permettre aux marins d’améliorer leur manière de naviguer et être plus performants. Je travaille spécifiquement pour les équipes Youth et Women Orient Express, qui s’entraînent en ce moment sur un simulateur, qui est une réplique du bateau à l’échelle 1.

A quoi ressemble ton emploi du temps ?

Chaque mois, une semaine est dédiée aux stages de Laser, en France ou à l’étranger, et une autre à ma mission pour l’Orient Express Racing Team, à Barcelone. Je passe le reste du temps à Brest, entre le Pôle France pour les entraînements en Laser, et l’ENSTA pour les cours. Et dès que j’en ai le temps, je régate le soir en virtuel ! Je privilégie plutôt les courses InShore, c’est-à-dire les courses de 10-15 minutes sur un petit parcours entre plusieurs bouées. Néanmoins, je réponds toujours présent aux grands événements de course au large comme le Vendée Globe, la Route du Rhum, la Transat Jacques Vabre, ou l’Arkéa Ultim Challenge. C’est sûr que ça me prend un peu de temps, mais ce n’est que du plaisir !

Peux-tu nous raconter tes débuts sur Virtual Regatta ?

Je joue à la version OffShore de Virtual Regatta depuis 2012 et ai démarré les régates virtuelles InShore pendant le confinement de 2020. Ce qui est intéressant, c’est de pouvoir naviguer avec des bateaux très différents, allant des grands classiques aux modèles les plus modernes. Personnellement, j’ai une préférence pour les bateaux qui vont vite, comme le F50 ou le Nacra 17. C’est vrai que le fait de naviguer “dans la vraie vie” aide un peu. Et pourtant, je connais de très bons joueurs qui n’ont presque jamais mis les pieds sur un bateau ! Virtual Regatta est vraiment orienté grand public, donc tout le monde est en mesure de jouer, qu’il soit un marin aguerri ou, au contraire, totalement novice dans le monde de la voile. Le jeu dispose aujourd’hui d’une communauté très active. J’y ai retrouvé des gens que je connaissais déjà, et ai tissé des amitiés virtuelles qui se prolongent aujourd’hui dans le réel. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les courses virtuelles sont un sport d’équipe où l’on peut échanger et partager des conseils, s’encourager et se challenger ! 

Les 8 et 9 janvier 2023, tu étais à Alicante (Espagne) pour participer à la finale des championnats du monde d’E-Sailing, finale à l’issue de laquelle tu as remporté le titre de champion du monde. Tu nous racontes ?

Nous étions 10 finalistes, au terme d’une saison réunissant 60 000 participants. J’étais assez tendu car c’était ma première finale mondiale sur scène face à 9 autres concurrents et devant un public. Les manches étaient diffusées et commentées en direct sur un écran géant, avec de temps en temps des gros plans sur les joueurs. C’était une expérience très particulière car, d’habitude, on joue tranquillement chez nous dans notre chambre, et contre des joueurs que l’on ne voit pas. Jusqu’à la dernière manche, le match était très serré. La finale a duré deux heures, et quand le stress a fini par retomber à la fin, j’étais vraiment satisfait de ce que j’avais fait. Après avoir remporté le titre de champion du monde, je ne m’attendais pas à autant de sollicitations de la part des médias. Il faut dire que je n’avais encore jamais réalisé une telle performance lors des compétitions réelles. Cette expérience a été très bénéfique pour apprendre à mieux gérer la pression, et je m’en sers aujourd’hui sur mes courses en Laser. Finalement, virtuel et réel se complètent beaucoup !